Apartheid universitaire : mettons fin au sur-financement
30 avril 2012

Il ne reste plus que quelques jours avant la sortie de mon livre. Voici une vidéo où je parle de quelques-uns des nombreux sujets traités dans cet essai, notamment :

1) Les institutions universitaires de la minorité de langue anglaise du Québec sont sur-financées par rapport à son poids démographique ;

2) Les étudiants étrangers ne paient pas le plein prix et on pourrait facilement aller chercher ces sommes avant de hausser les frais de scolarité ;

3) Le Québec constitue une anomalie : aucune nation sur cette planète, qu’elle soit souveraine ou dans un cadre fédératif, ne finance davantage les services à sa minorité que le Québec.

APARTHEID UNIVERSITAIRE, en vente dans toutes les bonnes librairies le 9 mai prochain.

Lisée et le PQ: unis contre le Québec français
15 janvier 2011

Les historiens du futur seront impitoyables dans leur analyse du déclin du français au Québec en ce début de vingt-unième siècle. Ils se gratteront d’abord la tête en cherchant à comprendre de quelle façon un parti qui a officialisé les aspirations de tout un peuple en paraphant la Charte de la langue française a par la suite œuvré à la dévalorisation de ses acquis, puis ils trouveront la seule conséquence logique: le sursaut nationaliste du Québec français de la fin du vingtième siècle constituait le plus tardif des chants du cygne d’un Canada français ne sachant pas disparaître sans au moins tenter un dernier baroud d’honneur qu’on pourrait ensuite mettre sur le compte d’une jeunesse idéaliste et archaïque.

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En effet, c’est bien ainsi que sont considérés, tant chez Jean-François Lisée que dans la proposition principale du Parti Québécois, ceux qui rêvent encore d’un Québec français comme flambeau de la pensée française en Amérique, comme lumière de la francophonie sur un continent ayant littéralement massacré ses populations francophones à grand coup de lois anglicisantes ou, la majorité fermement assurée, les laissant mijoter dans les oubliettes d’un multiculturalisme indigeste faisant de notre langue un simple ingrédient pimentant le grand potage canadien.

Lisée d’abord. Ce grand disciple du « bon-ententisme », comme le souligne Pierre Dubuc, pleure, dans son dernier texte, le sort de notre minorité anglophone, qualifiant ceux qui désirent un Québec aussi français que l’Ontario est anglaise d’archaïques, s’opposant à toute politique entraînant la diminution du poids démographique des anglophones. Jean-François Lisée, qui blâme, comme nos ennemis fédéralistes, l’exode des francophones de Montréal comme cause principale de la chute du français, alors qu’il a été démontré qu’il s’agit d’un mythe et que les banlieues s’anglicisent aussi vite sinon davantage que la ville centre. Jean-François Lisée, qui désire permettre une immersion anglaise aux francophones du cégep, mais qui n’explique pas de quelle façon les anglophones pourraient vouloir une immersion française alors que des études ont récemment démontré leur peu d’intérêt pour notre langue et notre culture.

Le PQ ensuite. Sa proposition principale, qui sera vraisemblablement adoptée par tous les carriéristes qui portent la sacoche de Marois comme leurs ancêtres ont été des porteurs d’eau, propose non seulement l’immersion anglaise au cégep, mais s’engage également à protéger les « droits linguistiques » et le « patrimoine institutionnel » de la « communauté anglophone ». En échange de l’application d’une Loi 101 au cégep ne voulant à peu près rien dire si on y permet l’immersion anglaise et qu’on a déjà anglicisé tous nos jeunes – première étape vers l’assimilation définitive -, le PQ s’engage également à intensifier l’apprentissage de l’anglais au primaire et au secondaire. En fait, comme le notait Bernard Desgagné, le PQ fait une fixation totale sur l’anglais, sur la nécessité d’en faire la promotion, mais ne parle nulle part de la nécessité d’améliorer la connaissance du français, la qualité de son enseignement; on ne parle pas non plus d’une intensification des cours de français alors, pourtant, que près d’un million de Québécois sont analphabètes et qu’un grand nombre d’anglophones ne parlent toujours pas la langue nationale. Non, non. Anglais, anglais, anglais. Et surtout, ne touchons pas aux institutions anglophones, méchants Québécois que nous sommes. Ce qui compte dans la proposition du PQ, ce n’est pas l’État national francophone, mais une simple primauté du français.

Les historiens de demain ne seront pas dupes. Le passage d’un État francophone à un État à primauté francophone ne constitue qu’un énième glissement vers la disparition définitive du français sur ce continent. La Nouvelle-France fut française, elle ne le fut plus. Le Canada fut majoritairement français, il devint majoritairement anglais. Le Québec ne peut échapper à cette damnation que s’il assure définitivement non seulement la prédominance du français, mais son statut indispensable pour fonctionner au Québec. Il doit être tout autant impossible de pouvoir vivre en anglais au Québec qu’en italien à Moscou ou en espagnol à Pékin. Ce n’est pas de devenir une langue prédominante qu’a besoin le français – elle l’a déjà été à de nombreuses reprises sur ce continent – mais de devenir une langue indispensable.

Un parti politique résolument nationaliste et au service du peuple québécois n’encouragerait pas l’immersion anglaise; il franciserait le plus gros cégep du Québec, Dawson. Un parti politique conscient du statut précaire de la langue française au Québec n’encouragerait pas l’augmentation de l’enseignement de l’anglais; il franciserait l’Université McGill et doterait enfin l’UQAM d’une faculté de médecine et d’un budget lui permettant de rayonner. Un parti politique ayant fait du français la seule langue officielle du Québec ne ferait pas la promotion de sa primauté, mais construirait une société française en s’assurant que l’État ne communique avec les citoyens que dans la langue nationale. Un parti politique se réclamant du Québec, des Québécois et ayant contribué à les libérer d’un ordre économique et linguistique où ils étaient des citoyens de seconde classe s’assurerait non pas de protéger les institutions de la minorité anglophone, mais reconnaîtrait plutôt le statut majoritaire de celle-ci à l’échelle continentale et encouragerait la solidarité avec les francophones hors-Québec en finançant leurs institutions pour assurer la survie de ce qui fut déjà une zone tampon entre le Québec français et l’Amérique anglaise. Un parti réellement QUÉBÉCOIS ne permettrait pas la construction, à Montréal, d’un méga-hôpital anglophone de 2,225 milliards de dollars, prenant l’argent des régions pour engraisser une minorité montréalaise déjà plus que riche.

Ce n’est pas archaïque, comme le soutient Lisée, de vouloir un Québec français. C’est être conséquent. Le rejet de l’identité canadienne-française par les Québécois des années soixante n’a eu de sens que si nous formons une majorité capable d’agir en tant que majorité et en mesure de défendre le français. Tant que nous n’oserons pas nous attaquer aux privilèges indus d’une minorité anglaise parmi les plus choyées au monde, tant que nous permettrons aux anglophones du Québec de surfer, grâce à leurs institutions sur-financées, au-dessus de la nation québécoise, ils n’accepteront pas leur statut de minorité et continueront de se percevoir comme des ayant-droits canadiens au sein d’une province comme les autres.

Ce qui est archaïque, par contre, c’est cette croyance que la bonne-entente et à l’à-plat-ventrisme devant le tout-anglais puisse mener à un résultat différent que ce que les trois derniers siècles de la même rengaine nous ont appris.

Les peuples qui survivent ne se couchent pas devant la menace, ils n’avancent pas à reculons en s’excusant d’exister et en répétant qu’ils ne toucheront pas à un cheveu des privilèges dont leurs vis-à-vis disposent. Les peuples qui survivent se tiennent debout et affirment, face au vent, qu’ils ont le droit d’exister et qu’ils prendront tous les moyens pour assurer leur survie. Les peuples qui survivent n’attendent pas un référendum ou le Saint-Esprit pour agir; ils défendent leur langue et leur identité au quotidien.

Olivar Asselin écrivait qu’il faudrait apposer l’épitaphe suivante sur la tombe du peuple canadien-français: « Ici gît un peuple mort de bêtise. »

Les divagations de Jean-François Lisée et la proposition principale du PQ ne peuvent que lui donner raison.

Loi 101 ou financement proportionnel?
9 juin 2010

La possibilité de plus en plus sérieuse que le Parti Québécois puisse inclure dans son programme l’application de la Loi 101 au cégep ne saurait être passée sous silence. Si le PQ allait vraiment jusqu’au bout avec cette idée, ce serait une grande victoire pour la nation québécoise. Ceci dit, il y a une autre avenue qui mériterait d’être étudiée: le financement en fonction du poids démographique des anglophones.

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On ne saurait assez le répéter: l’idée d’appliquer la Loi 101 au cégep est une bonne idée, une excellente idée. On réussit, à l’aide d’une loi, à assurer ce qui va de soi dans la quasi-totalité des pays industrialisés: l’enseignement public dans la langue commune. La Loi 101 permet cela, et ce n’est pas rien. Elle nous permet d’exister. Avant son application au primaire et au secondaire, en 1977, 85% des immigrants allaient à l’école anglaise; grâce à elle, nous repoussons encore un peu notre disparition.

Malgré tout, elle possède une faiblesse intrinsèque: c’est une loi. Et, comme toute loi, elle implique des pénalités à ceux qui ne la respectent pas. En d’autres mots: elle est coercitive. Même s’il va de soi que les lois sont utiles et permettent un meilleur vivre-ensemble, elles donnent parfois l’impression d’empêcher les gens de vivre comme ils le désirent. En appliquant la Loi 101 au cégep, plutôt que de parler de l’intégration maximale des immigrants qu’elle permettrait d’accomplir, n’importe quel anglomane de service arrive à marquer des points, si faibles soient ses arguments, en rappelant que la Loi empêcherait les uns ou les autres de profiter d’un service auquel ils prétendent avoir droit. Bref, qu’importe si la loi est bénéfique et souhaitable, elle demeure une loi et à une ère de l’individualisme triomphant et du « j’existe donc je peux », n’importe quelle mesure qui « empêche » est mal vue.

Pour un financement proportionnel au poids démographique

La solution n’est ni nouvelle ni bien compliquée. Plutôt que d’avoir un réseau public anglophone bien financé dont on prive d’accès les francophones et les immigrants, il suffit d’établir un financement proportionnel au poids démographique de la population de langue maternelle anglaise.

Déjà, en 1970, le Parti Québécois le proposait dans son programme:

Le Québec entend reconnaître les droits scolaires de la minorité anglophone. Le chiffre de cette population sera déterminé par un recensement général qui aura lieu tous les cinq ans. Ce chiffre permettra d’établir la proportion du budget du ministère de l’Éducation qui doit être consacrée aux établissements scolaires anglophones, de l’école élémentaire à l’université, que ce soit pour leur création, leur maintien, leur développement ou leur budget annuel de fonctionnement.

En clair, en ce moment, les anglophones de langue maternelle forment 8,2% de la population, mais ils reçoivent près de 19% des subventions pour leurs cégeps et 27% pour leurs universités. En finançant ces institutions en fonction du nombre d’inscrits, on ne fait que perpétuer la domination séculaire de la langue anglaise sur la française. La Loi 101 agit comme un pansement sur une plaie qu’on se refuse à bien cautériser.

Chaque année où nous continuons à sur-financer les établissements anglophones est une année où les allophones et les francophones de langue maternelle viennent gonfler le nombre d’anglophones de langue d’usage.

Si on désire vraiment régler le problème, une fois pour toutes, il faut se sortir de toutes les acrobaties juridiques et législatives. Revenons à la base. Les anglophones forment 8,2% de la population; qu’on finance leurs cégeps et leurs universités à 8,2% du budget total. Et qu’on donne la balance aux institutions francophones.

Renverser la vapeur

Une telle politique, qui mettrait fin au sous-financement des institutions francophones tout en respectant le poids démographique de la minorité historique anglophone, permettrait naturellement de franciser les études supérieures. Les institutions anglophones perdraient rapidement de leur superbe en étant obligées de faire face à l’importance numérique réelle des anglophones au Québec et les établissements francophones disposeraient des moyens nécessaires afin d’assurer un enseignement de la plus haute qualité. C’est d’un renversement total de la situation dont on parle.

Ainsi, l’étudiant francophone désireux de poursuivre ses études collégiales en anglais pourrait le faire, mais son choix impliquerait qu’il choisisse un réseau anglophone plus modeste et qu’il tourne le dos à un réseau francophone mieux financé.

On passe d’une logique de coercition avec une Loi 101 qui empêche le choix à une logique rationnelle qui incite naturellement le Québécois à poursuivre ses études dans un réseau qui est financé à la hauteur de son poids démographique.

On passe du « tu ne peux pas faire cela » à « fais ce qu’il te plaît », mais dans un contexte où l’État cesse de sur-financer le réseau anglophone.

La carotte plutôt que le bâton.

Et la fin de la victimisation des « pôvres » anglophones tellement opprimés par les méchants nazis et leur LOI…

Malgré tout, si le PQ allait de l’avant avec la Loi 101 au cégep, ce serait un pas dans la bonne direction. Il s’agirait d’une victoire, mais qui ne doit pas nous faire oublier les autres luttes à mener, notamment celle pour mettre fin à une situation où le gouvernement finance des études dans une langue qui nous menace à deux ou trois fois la hauteur de la minorité traditionnelle de cette langue.

Et, de la même manière, que nous, Québécois, disposons d’un réseau scolaire moins bien financé que ne le justifie notre poids démographique.

Les boeufs sont lents, mais la terre est patiente, disait Pierre Falardeau. Quarante ans après que le PQ ait pour la première fois proposé de mettre fin au sur-financement des écoles anglaises, il serait peut-être temps de remplacer les boeufs par des tracteurs mécaniques et de labourer en grand cette terre qui attend toujours la première récolte.

Tant que nous accepterons de vivre chez nous comme des citoyens de seconde classe, les autres nous traiterons comme tel.


Ajout: Joignez-vous au groupe Facebook qui propose de mettre fin au sur-financement des institutions scolaires anglophones!

Frais de scolarité: la malhonnêteté de André Pratte
14 juillet 2009

« Plus c’est cher, plus c’est populaire! » Voilà le titre et le leitmotiv du dernier texte d’André Pratte, l’éditorialiste de droite de La Presse. S’appuyant sur de nouvelles données de Statistique Canada, il s’échine à démontrer, à l’encontre de toute forme de logique économique, que la hausse des frais de scolarité n’aurait pas d’incidence sur la fréquentation des universités. Pure malhonnêteté intellectuelle.

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En effet, s’il est vrai que la fréquentation universitaire est en hausse presque partout au pays, passant notamment au Québec de 250 809 en 2002-2003 à 268 011 en 2007-2008, cela ne signifie pas pour autant que cette hausse soit tributaire du dégel des frais de scolarité. Ce que ne montre pas André Pratte, c’est que la hausse de fréquentation a surtout eu lieu entre 2002 et 2005. La hausse des frais de scolarité ayant été imposée en 2005, on a pu observer la première diminution du nombre d’étudiants québécois inscrits au premier cycle universitaire depuis l’an 2000, passant de 187 464 à 187 242 l’année suivante. ((Statistique Canada, Tableau 477-00131, Effectifs universitaires, selon le régime d’études, le niveau d’études, la Classification des programmes d’enseignement, regroupement principal (CPE_RP) et le sexe, annuel (nombre) )) En considérant les chiffres depuis 2002, M. Pratte camoufle ainsi une partie de la vérité.

Par ailleurs, l’éditorialiste de la rue Saint-Jacques met beaucoup d’emphase sur la hausse de fréquentation des universités en Ontario et en Colombie-Britannique, deux provinces où les frais imposés ont augmenté au cours des dernières années. Ce qu’il oublie de dire, cependant, c’est que la population âgée de 20 à 29 ans de ces deux provinces a explosé durant cette période, augmentant de 9,4% en Ontario et de 11,3% en Colombie-Britannique. Même au Québec, celle-ci a augmenté d’un peu moins de 2%. ((Statistique Canada, Tableau 051-00011, Estimations de la population, selon le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada, provinces et territoires, annuel (personnes) )) Est-il surprenant qu’un plus grand nombre de jeunes dans la vingtaine signifie une plus grande fréquentation de l’université?

Parallèlement, le Nouveau-Brunswick, province où les frais de scolarité sont les plus élevés au pays, a vu sa population de jeunes dans la vingtaine diminuer de 6,7% de 2002 à 2008, passant de 98 574 à 92 016 individus. Faut-il se surprendre si le Nouveau-Brunswick a connu une baisse significative de près de 4% ses effectifs universitaires?

On le constate, le facteur démographique n’est pas à négliger lorsqu’il est question de comprendre pourquoi les universités sont de plus en plus fréquentées. Il est facile, tout comme le fait André Pratte, d’affirmer bêtement que hausse des frais de scolarité et hausse de la fréquentation universitaire prouvent qu’il n’y a pas de lien entre les variables, mais cette affirmation n’a pas davantage de sens que cette vieille blague consistant à affirmer que la baisse de l’utilisation du spirographe suite aux années 60 a coïncidé avec une hausse du crime et des violences urbaines. On ne peut pas ignorer qu’il y a de plus en plus de jeunes en âge de fréquenter l’université, tout simplement. Ce n’est pas parce que deux variables évoluent dans un même sens qu’elles sont reliées pour autant.

De la même manière, n’y a-t-il pas une tendance lourde dans notre société à exiger des diplômes universitaires? Auparavant, on pouvait entrer dans une entreprise et y gravir les échelons; aujourd’hui on veut le diplôme, et c’est tout ce qui importe. L’attrait universitaire est indéniable: combien de jeunes prive-t-on de cet accès à cause de frais de scolarité trop élevés?

Contrairement à ce qu’affirme Pratte, l’expérience nous contraint à être prudents lorsqu’on hausse les frais de scolarité. En 1990-1991 et 1991-1992, les frais de scolarité, à l’échelle canadienne, se sont accrus de 15,2% et 16,% respectivement. Le nombre d’étudiants a chuté drastiquement, passant de 677 157 en 1992 à 668 535 l’année suivante, puis 658 284 en 1994-1995 et jusqu’à 633 018 en 1997-1998. En fait, il a fallu attendre le début des années 2000 pour qu’il y ait autant d’étudiants qu’avant les hausses des frais de scolarité. ((Statistique Canada, Tableau 477-00131, Effectifs universitaires, selon le régime d’études, le niveau d’études, la Classification des programmes d’enseignement, regroupement principal (CPE_RP) et le sexe, annuel (nombre) ))

En fait, cela fait du sens: si l’université possède aujourd’hui un fort potentiel d’attraction sur les jeunes, cela ne doit pas nous faire oublier que toute hausse des frais de scolarité entraîne des conséquences. Et celles-ci sont graves: on gaspille le potentiel d’étudiants n’ayant peut-être pas les moyens de s’endetter et on prive la société de leur apport.

Car quoi qu’on en dira, l’éducation est une richesse. Et celle-ci devrait être accessible à tous, pas seulement à ceux qui ont les moyens de se la payer. Le fait que le nombre d’universitaires soit en hausse ne signifie donc pas que les majorations des frais de scolarité soient sans conséquences, mais seulement que le nombre d’étudiants aux études supérieures serait de loin supérieur si on rendait celles-ci accessibles à tous. C’est avant tout une question démographique, ce que ne semble pas comprendre André Pratte.

Éditorialiste à La Presse, voilà tout de même un endroit où le diplôme universitaire ne semble pas obligatoire…

Les Jeunes Libéraux s’attaquent aux étudiants les plus pauvres
1 août 2008

Bon, voilà , on repart pour un autre tour: les Jeunes Libéraux, ces petits affairistes de droite qui ne rêvent que de dépecer l’État pour le vendre au plus offrant, proposent de tripler les frais étudiants! Oui, vous avez bien lu: on veut tripler le coût pour des étudiants qui sont déjà parmi les plus pauvres! Et si on ne les fait pas payer immédiatement, on les endettera pour la vie ensuite grâce au réseau de vol institutionnalisé des prêts sans bourses du Québec et à cet impà´t qu’on veut imposer aux étudiants après leurs études!

Comme je l’écrivais ici:

à€ cause de cette mesure néolibérale proposée par le PLQ et appuyée par l’ADQ (il faut le souligner), de nombreux étudiants devront désormais choisir entre travailler ou étudier. Car, n’en déplaise à certains vieux cons de la vieille droite, ce n’est pas tout le monde qui peut suivre cinq cours à l’université tout en travaillant 25 heures par semaine. Le résultat: les élèves provenant des couches sociales les plus défavorisées seront tentés de lâcher leurs études, perpétuant une pauvreté intergénérationnelle et détruisant effectivement le mythe de la mobilité sociale.

Et demain, dans vingt ans, le Québec sera perdant, car il y aura moins de diplà´més, moins de gens compétents, mais aussi moins de citoyens politisés, moins de personnes instruites. C’est un grand recul dont nous ferons les frais pendant des décennies.

Conséquemment, la seule position logique et cohérente pour quiconque a les intérêts du Québec à coeur est d’appuyer la grève des étudiants et de demander non seulement l’élimination des hausses des frais de scolarité, mais une baisse de ceux-ci, permettant à un maximum de citoyens d’avoir accès au système d’éducation.

Car l’éducation n’est pas une dépense, mais un investissement. Voilà une vérité que la droite, du PLQ à l’ADQ en passant par les éditorialistes pathétiques de La Presse, n’a toujours pas compris.

Comme dit le dicton: vous trouvez que l’éducation coûte cher? Essayez l’ignorance!

Au rythme où vont les choses, d’ici quelques années le Québec sera devenu une société aussi désastreuse que celle des États-Unis, divisée entre une minorité de riches et une masse de pauvres et d’endettés qui ont lâché l’école faute de pouvoir se la payer.

Et le pire, dans tout ça, c’est quand je lis un certain blogueur qui se dit de centre-gauche et qui fait partie de ces jeunes libéraux proposant ces mesures d’extrême-droite.

Y a de bons coups de pied au cul qui se perdent.

L’éducation est un plus pour toute la société et elle devrait être entièrement gratuite, car une société éduquée est une société riche. Il faudra le répéter, encore et toujours, en espérant que ces cons de jeunes libéraux finissent par comprendre le message…

à€ lire: Les visées réactionnaires des jeunes libéraux et aussi La réelle nature des jeunes (néo)libéraux.