Charest enterre (enfin) les PPP
24 juin 2009

Quoi de mieux que la Saint-Jean-Baptiste, une polémique sur les anglophones, les vacances et les événements en Iran pour passer en douce un changement de cap? À plus forte raison si celui-ci concrétise la compréhension de l’échec de son idéologie. C’est ce que vient de faire le gouvernement Charest en enterrant les Partenariats Public-Privé (PPP). Prenant prétexte de la difficulté du financement privé, causé par la crise économique, Jean Charest fait un bon coup dont profiteront tous les Québécois.

charest-ppp

Source de l’image

En effet, est-il besoin de rappeler l’échec retentissant des PPP, ici et partout dans le monde? J’ai moi-même longuement écrit sur le sujet:

8 avril 2007: L’échec des PPP

On apprend aujourd’hui que les frais d’exploitation d’un hôpital construit en partenariat public-privé (PPP), à North Bay, vont doubler d’ici la fin du contrat. […] Quand une banque prête à une entreprise privée, c’est bien souvent à des taux désavantageux comparativement à un gouvernement, qui lui est plus solide.

19 mai 2007: Partenaires dans le crime

L’Agence des partenariats public-privé (PPP) ne respecte même pas ses propres règles et accorde des contrats de près de 430 000$ à Price Waterhouse Coopers sans appel d’offre. […] De l’argent public – notre argent – a ainsi été gaspillé pour payer des chargés de projets à 325$ de l’heure, des « spécialistes processus PPP » à 225$ de l’heure et divers autres frais gonflés à une entreprise privée sans qu’il y ait eu le moindre appel d’offre.

10 juin 2007: Prolongement de la 25: gaspillage!

On apprend que le prolongement de l’autoroute 25 vers Laval sera confié à une firme australienne, au détriment de plusieurs entreprises québécoises intéressées dans le projet. […] Les bénéfices vont quitter le Québec vers l’Australie.

25 juillet 2007: Une idéologie qui a un peu trop d’assurance

Le gouvernement Charest a décide de nous en passer une petite vite, à la fin juin, en votant un décret autorisant la compagnie d’assurances Desjardins Sécurité Financière à gérer un centre d’hébergement et de soins de longues durée (CHSLD). […] Comme le souligne avec justesse la Coalition Solidarité Santé, on doit maintenant s’inquiéter quant à savoir si on privilégiera les clients de Desjardins et si on se fera de l’argent sur le dos des personnes âgées. […] Il n’y a rien de positif dans une américanisation des soins de santé.

20 novembre 2007: L’échec des infirmières du privé

Alors que les infirmières du secteur public commandent un salaire de près de 27$ par heure, il faut débourser entre 35 et 55$ par heure pour une infirmière du privé. Mais l’infirmière en question ne gagne pas tout cet argent; une partie est remise à l’agence, qui assure un juteux profit à ses dirigeants. […] Si des précurseurs du néolibéralisme et des PPP comme l’Angleterre constatent désormais l’échec définitif des « partenariats » public-privé (autant parler du partenariat entre la poule et le renard) et redonnent au public des services afin de juguler l’hémorragie, il serait peut-être temps de constater que le Québec va dans la mauvaise direction.

30 mars 2009: Le CHUM en PPP: la pire des idées

Les PPP sont coûteux, très coûteux. Comme le souligne avec justesse Sylvain Simard, porte-parole du Parti Québécois pour le Conseil du trésor, les entreprises privées peuvent plus difficilement obtenir des taux d’intérêts avantageux que l’État. […] Une étude financée par l’Association des comptables agréés de Grande-Bretagne a démontré que les PPP sont économiquement plus coûteux que le financement public. […] Ce n’est donc pas un hasard s’il existe un quasi-consensus contre les PPP en santé.

En reconnaissant son erreur dans le dossier des PPP, Jean Charest fait implicitement un autre aveu: son idéologie du tout-privé ne fonctionnait pas. Il lui aura fallu six années pour s’en rendre compte, mais mieux vaut tard que jamais. Je ne croyais jamais dire cela, mais je lui lève mon chapeau! Le recentrage du PLQ fait beaucoup de bien.

En espérant qu’il continue sur cette voie…

Cette année, c’est mon cadeau de la Saint-Jean.