L’ADQ redevient un parti mineur
23 octobre 2008

Mario Dumont et Stephen HarperIl y a plusieurs façons d’analyser le passage de l’ADQ au PLQ des deux députés André Riedl et Pierre Michel Auger. On peut parler de motivations personnelles: le PLQ a le vent dans les voiles ces temps-ci dans les sondages. On peut parler de choix stratégiques: le PLQ a une meilleure organisation en prévision des prochaines élections. On peut également considérer une mésentente avec le chef Mario Dumont. Mais tout ceci, ce sont des facteurs secondaires.

En effet, le vrai fond du problème, c’est que l’Action démocratique du Québec est en train de redevenir une parti mineur. En chute libre dans les sondages, le parti de Mario Dumont n’aurait même pas le quart d’une chance de même espérer conserver ses acquis. C’est comme si le Québec en entier se réveillait et réalisait finalement que Mario Dumont jappe fort dans l’opposition mais qu’il est inapte à diriger, que son parti n’a rien à proposer, et que ses appels à des rencontres multi-partisanes pour parler d’économie ou son appui aux Conservateurs lors de la dernière campagne fédérale ne sont que des façons bêtement politiques de se faire du capital politique sur le dos de ceux qui tentent quelque chose.

Par ailleurs, le parti de Mario Dumont (a quand le changement de nom officiel, puisque l’ADQ a toujours été le parti d’un seul homme?), dans sa courte histoire, a souvent modifié ses politiques au gré des sondages, à la petite semaine, ne conservant qu’un dogme fondamental: la croyance que le marché pouvait tout régler et que l’État devait être minimal. Avec la crise financière actuelle qui est une conséquence du désengagement de l’État et du laisser-faire économique, la seule valeur relativement solide de l’ADQ vient d’éclater en morceau. Le discours anti-fonctionnaires et anti-État de Dumont se trouve tout à fait discrédité, exposant l’absence de ligne directrice et de pensée cohérente du parti.

Considérant que la situation économique ne risque pas de s’améliorer au cours des prochains mois et que le discours économique de droite prônant le tout-privé semble disqualifié au moins pour les quelques années subséquentes, nous n’assistons peut-être pas au dernier épisode de députés transfuges.

Et puisque le Parti Québécois est devenu un parti faible, sans idéologie, ayant laissé tombé le projet indépendantiste, quoi de plus normal pour les députés adéquistes ayant du flair que de rejoindre ce bon vieux Jean Charest, qui trône en haut dans les sondages non pas parce qu’il a fait quoi que ce soit de génial, mais précisément parce que son opposition est si mauvaise?

Les intérêts de Sarkozy
19 octobre 2008

Quel petit peuple nous sommes, non? Je revois encore cette conférence de presse caricaturale de Nicolas Sarkozy, venu en coup de vent saluer ceux qu’il considère sûrement comme de loyaux sujets, où ce dernier ventait les mérites d’un Canada uni et s’en prenait presque aux journalistes pour leurs questions un peu trop pointues. Cet homme est une vraie contrefaçon de marionnette de cirque. On le regarde et on se plaît à s’imaginer qu’un tel fantoche aux mains de l’artiste aurait eu l’air trop grossier pour être présenté devant public.

Néanmoins, le simpliste personnage possède une certaine intelligence. Il est un très bon ami de Paul Desmarais, après tout, ce milliardaire trempé dans le pétrole albertain (et possédant La Presse, entre autres) et dont il affirme que ce dernier l’a aidé à se faire élire président de la République française: « Si je suis aujourd’hui président de la République, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et la fidélité de Paul Desmarais ». Il sait où sont ses intérêts et ceux de ses amis. Car si l’affaiblissement de ce qu’il reste du mouvement souverainiste (merci madame Marois!) risque de profiter aux Conservateurs et donc à la Power Corporation de Desmarais, il y a d’autres intérêts en jeu.

En effet, comme le note Parizeau, il y a la question du nucléaire derrière tout ceci. Et bizarrement, le lendemain de l’intervention de Parizeau sortait cette nouvelle d’une possible privatisation partielle d’Énergie Atomique du Canada Limitée (EACL).

Mais que manque-t-il donc au puzzle pour que tout s’explique?

Réponse: Areva.

Cette compagnie, numéro un mondial de la production nucléaire et contrôlée à près de 95% par l’État français, se place en bonne position pour obtenir le contrat du nucléaire au Canada. En outre, Sarkozy essaie de la fusionner avec Alstom et Bouygues pour en faire un véritable colosse qui serait plus à même d’obtenir des contrats à l’étranger, dont au Canada. Et au fait, qui est le directeur d’Areva Canada? Armand Laferrère, qui outre le fait d’être un lobbyiste pro-israélien est un ancien conseiller du président Sarkozy et a déjà signifié l’intérêt de sa firme de devenir actionnaire de EACL.

Et que se passe-t-il donc par la suite? Hé oui! Sarkozy, qui contrôle de fait Areva, vient faire un beau discours sur l’unité nationale permettant à Stephen Harper de se mettre en valeur (et ainsi donner un coup de pouce aux entreprises de Paul Desmarais qui profitent du boom pétrolier albertain) et deux jours plus tard on confirme que AECL risque d’être partiellement privatisée.

La suite de l’histoire pour bientôt: Areva va devenir actionnaire de EACL.

Tout va pour le mieux dans le monde des puissants et pendant que nous nous obstinons à savoir comment redistribuer ce qu’il reste de notre maigre tarte, nous attaquant les uns les autres, eux ils se sauvent avec notre richesse collective et se la sépare entre copains.

Ce sont des gens comme ceux-là qui font que le monde va aussi mal.

AJOUT:Pendant ce temps, je rêve d’un grand chef pour le Parti Québécois, un qui est capable de se lever debout et de dire « Sarkozy, mêle-toi de tes affaires vieux bouc! » au lieu de faire le dos rond et de s’avilir à vouloir démontrer que l’indépendance du Québec (dont elle ne parle plus du tout) serait un projet inclusif (mot vide) et non pas une simple division (concept vide). Je l’ai déjà écrit et je le répète: Pauline Marois fait partie du problème au PQ, pas de la solution.

Les crétins
15 octobre 2008

Ce n’est pas le Parti Conservateur qui a gagné les élections, mais plutôt ceux qui ne sont pas allés voter, c’est-à-dire plus de 40% des électeurs! Quand on pense qu’il y a des gens qui sont morts pour qu’on ait le droit de vote, j’ai honte.

En fait, j’ai surtout honte car nous avions tout un éventail de choix, de la gauche (Parti Communiste, Parti Marxiste-Léniniste) à la droite (Parti Conservateur) en passant par le centre-gauche (Nouveau Parti Démocratique et Bloc Québécois) et le centre-droit (Parti Libéral). Il y en avait pour tous les goûts. Que quelqu’un ait préféré rester à la maison plutôt que de faire son devoir de citoyen et voter selon ses aspirations, c’est impardonnable.

Ceci dit, on doute parfois de l’intelligence des électeurs. Comment faire autrement, quand on constate la réélection de l’incompétente Josée Verner, trop conne pour savoir qu’elle peut voter dans le comté où elle se prétente et qui n’a donc pas pu voter Parti Conservateur puisque le parti n’avait pas présenté de candidat à son lieu de résidence. Ou encore quand on voit un Maxime Bernier, qui se moque de ses concitoyens (dixit Julie Couillard) tout en « oubliant » des documents top-secret chez sa blonde-qui-doit-faire-taire-les-rumeurs-sur-son-éventuelle-homosexualité obtenir plus de 60% des voix.

Et bien, c’est ça la démocratie. Et mieux vaut voir des idiots aux urnes que des gens qui se pensent intelligents mais qui restent le cul écrasé à la maison au lieu de faire leur devoir de citoyen.

Je préfère 10 000 électeurs qui ont voté Conservateur à un seul crétin qui est resté chez lui le jour du vote.

p.s. Je cherche toujours un programmeur pour bâtir un site web. SVP me contacter.

Criminalité: et pourquoi pas la peine de mort?
26 septembre 2008

Les Conservateurs manquent de cohérence. Ils prétendent vouloir diminuer le crime en utilisant la vieille recette de la répression, c’est-à-dire, tout simplement, en emprisonnant les criminels plus longtemps. Et peu importe si ce criminel a quatorze ans, vient d’une famille dysfonctionnelle et aurait davantage besoin de réhabilitation que de punition. Le problème, c’est qu’un jour le jeune adolescent ressortira de prison, plus fucké que jamais, plus dangereux, plus mêlé, plus violent, et fort de tous ses grades gagnés à l’université du crime.

Or, il me semble, les Conservateurs devraient tenir compte de cette sortie éventuelle de prison s’ils ne veulent pas simplement repousser de quelques dizaines d’années la violence étouffée d’une jeunesse qui a peut-être un peu trop reçu de coups de pied au cul et pas assez de câlins.

Ainsi, pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’au bout? Si vraiment on veut empêcher qu’un tel individu se retrouve un jour en société et puisse être encore pire qu’à son entrée au pénitencier, il faut absolument imposer la peine de mort. Si vraiment on espère réduire la criminalité en emprisonnant les criminels (prochaine étape: réduire la pauvreté en emprisonnant les pauvres?) il faut s’assurer que ceux-ci ne causeront plus jamais de problème à quiconque et les exécuter. Et pas de n’importe quelle manière.

Non, non non. Car au Parti Conservateur on veut réduire la taille de l’État. Pas de niaisage, pas de fonctionnaires; on prend le jeune coupable de meurtre, et on l’attache à un mur et on laisse la population le lyncher à mort le soir-même. Ça ne coûte presque rien, c’est rapide, et le jeune ne reviendra jamais pour se venger. Efficace, propre.

Mais est-ce assez? On le sait, la justice est un peu trop molle, avec ses « sentences bonbons » que des juges un peu trop attendris donnent parfois. On devrait pouvoir court-circuiter la justice et se débarrasser du jeune criminel sans procès, dès qu’on a des doutes suffisants sur sa culpabilité. La police va le chercher, on le garde une nuit en prison, et on annonce son lynchage ou sa pendaison pour le lendemain. Et avant de le tuer, on lui offre la possibilité de s’excuser et de demander pardon à Dieu pour ses crimes.

(Ensuite, on ouvre les portes du château-fort et on laisse son corps aux chacals qui rôdent et qui font peur aux gueux et aux gueuses soumises au servage du Seigneur… Allo le Moyen-Âge!)

Sérieusement, qu’espère-t-on régler en envoyant des jeunes de quatorze ans en prison?

J’en connais une qui a commis un meurtre à cet âge. En fait, elle venait d’avoir quinze ans si ma mémoire est bonne. Elle était étrange, froide, distante. Sa mère venait d’avoir cinquante ans et celle-ci affirmait qu’elle était heureuse et qu’elle voulait mourir heureuse. Alors, la jeune adolescente est allée chercher la carabine familiale (allo le registre des armes à feu, en passant!) et a tiré sa mère à bout portant en pleine nuit.

Et bien, j’ai su ce qui était advenu d’elle par la suite. Je l’ai su parce que quelqu’un dans ma famille lui a donné un cours d’art quelques années plus tard. Elle a subi des thérapies, on l’a aidé, et par la suite elle a appris à mieux gérer ses émotions et à se servir notamment de l’art pour s’exprimer (cette maudite culture qui n’intéresse pas le monde ordinaire, selon M. Harper).

C’est ça, la réhabilitation. C’est le constat que le crime ne peut être réparé, le passé ne peut être changé, mais le futur peut l’être. Et qu’il vaut mieux donner tous les outils au criminel pour qu’il puisse obtenir une rédemption non pas par l’apprentissage à l’université du crime que sont les prisons, mais plutôt en devenant une meilleure personne, qui ne sera plus un danger pour la société.

Stephen Harper va frapper un mur avec ses mesures extrémistes. Plusieurs personnes qui, jusqu’ici, lui étaient fort sympathiques, semblent réaliser quelles seraient les conséquences d’un chèque en blanc aux Conservateurs.

Heureusement pour lui, celui-ci pourra toujours compter sur quelques châteaux-forts, surtout en Alberta, là où on espère toujours punir, réprimer, venger, et où on s’imagine le monde comme un lieu dangereux, hostile, mais où on n’a pas le courage politique de mener ses idées à leur terme et de demander l’application de la vieille loi du Talion. Oeil pour oeil, et tuons la jeunesse.

Faut que le sang coule. Faut se venger. Faut punir. Comme si ça allait changer quelque chose.